Actualités  |  13.10.2023

Au Gabon, « Arbres tracés, forêts transparentes », souligne l’Environmental Investigation Agency (EIA)

Comme l’écrit l’EIA, le Gabon met en place un système national de traçabilité du bois de pointe couvrant l'ensemble du secteur forestier.

Lire l'article original sur le site de l'EIA

Au Gabon, « Arbres tracés, forêts transparentes », souligne l’Environmental Investigation Agency (EIA)

L’Environmental Investigation Agency (EIA) salue la décision du gouvernement gabonais, par le biais de l’arrêté ministériel n°001 signé par le ministre des Eaux et Forêts, le Colonel Maurice Ntossui Allogho, de faire passer l’ensemble de son secteur forestier à un système traçable et transparent de gouvernance forestière. Le nouveau système national vise à générer et à mettre à la disposition du public des données forestières essentielles par voie électronique et à suivre tous les produits du bois, de la souche au port. Toutes les entreprises d’exploitation forestière et de transformation du bois opérant au Gabon ont maintenant six mois pour adopter le système et se l’approprier.

Le Système National de Traçabilité du Bois du Gabon (SNTBG) est le résultat d’un effort conjoint pluriannuel du gouvernement gabonais, de l’EIA et de Code4Nature. Le SNTBG, développé par EIA et Code4Nature, permet au secteur du bois du Gabon de passer d’un système de permis papier à un système numérique. Les entreprises du secteur du bois utiliseront l’application mobile Android du SNTBG pour créer des enregistrements numériques de chaque étape de la chaîne d’approvisionnement, de l’inventaire des arbres sur pied à l’exportation, en passant par la coupe, le transport et la transformation. Les chefs d’entreprise et les agents de l’Etats peuvent gérer leurs opérations via l’application Web et le géoportail de la SNTBG. Les opérateurs du secteur forestier sont autorisés à continuer à utiliser d’autres systèmes de traçabilité tiers, à condition que ces systèmes recueillent les données requises et les transmettent au système national.

Le système gabonais établit une nouvelle norme mondiale en matière de gouvernance forestière, qui permet aux consommateurs du monde entier de retracer les produits du bois jusqu’à leur point d’origine dans la forêt, le long d’une chaîne d’approvisionnement numérique et vérifiable. Avec le récent règlement de l’UE sur la déforestation (EUDR) qui exige des entreprises qu’elles fassent preuve d’une grande diligence dans leurs chaînes d’approvisionnement internationales en bois et autres produits liés à la déforestation, ce nouveau système de traçabilité et de transparence représente une étape essentielle pour soutenir l’industrie forestière gabonaise tout en s’attaquant à la corruption endémique dans le secteur. 

“La lutte contre la corruption et la criminalité transnationale dans nos économies africaines exige que tout le monde se mette au travail,” a déclaré Raphael Edou, responsable du programme Afrique de l’EIA-USA. “Aujourd’hui, la vision du Gabon d’une forêt transparente qui existe pour tous ses habitants et qui est gouvernée par eux est porteuse d’espoir et pourrait devenir un modèle de gouvernance forestière durable dans le monde entier.

En 2019, l’EIA-USA a exposé dans le rapport commerce Toxique et dans la série des investigations, la corruption systémique et les illégalités forestières enracinées qui ont frappé le secteur de l’exploitation forestière industrielle au Gabon. Alors que la lutte contre la corruption et les illégalités forestières est devenue une priorité nationale, des voix se sont élevées depuis la forêt pour dénoncer des crimes et indiquer que la corruption systémique et les illégalités restent des défis majeurs non résolus au Gabon.

 

« En tant qu’organisation spécialisée dans l’observation indépendante des flux de bois, nous sommes impatients de voir ce système national connecté à d’autres systèmes indépendants développés par les opérateurs privés,” a déclaré Marc Ona, président de l’organisation de la société civile gabonaise Brainforest. “Accroître le rôle et les responsabilités de l’observation indépendante au Gabon doit être une priorité nationale.”

L’arrêté ministériel désigne les peuples autochtones, les communautés forestières et la société civile du Gabon comme les gardiens de la bonne mise en œuvre du système, afin d’assurer une bonne gouvernance forestière. Une fois pleinement mis en œuvre, le système permettra à chaque citoyen de participer à la gestion des forêts gabonaises, notamment en contrôlant la légalité des grumiers et des opérations d’exploitation. 

Alors que le sommet des trois bassins et la conférence sur le climat CoP28 se profilent à l’horizon, le Gabon montre au monde ce que l’innovation technologique et politique, au service de la gouvernance forestière et des solutions climatiques, peuvent donner dans la pratique.  Le nouveau système national de traçabilité du bois du Gabon représente une avancée pour les forêts gabonaises, qui constituent une part importante de l’économie du pays, après le pétrole.

Alors que la transition vers une traçabilité basée sur la technologie devient la nouvelle norme au Gabon, l’amélioration durable de la gouvernance forestière dépendra en fin de compte de la façon dont les communautés forestières gabonaises, les organisations de la société civile et les citoyens sont autorisés à utiliser ce nouvel outil pour servir de gardiens des forêts gabonaises.

 

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