Actualités  |  15.10.2021

Initiative de Paris pour les forêts d’Afrique centrale : la gestion durable des forêts, une solution pour préserver le second poumon de la planète

Comme nous l’avions relayé dans nos précédentes newsletters, la mairie de Paris et le journal Le Monde organisaient le 6 octobre dernier une journée sur le thème de la préservation des forêts d’Afrique centrale.

L’ATIBT a pu y assister en direct, à l’hôtel de ville de Paris.

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Initiative de Paris pour les forêts d’Afrique centrale : la gestion durable des forêts, une solution pour préserver le second poumon de la planète

Pour rappel, la conférence internationale de Paris pour comprendre et préserver les forêts d’Afrique centrale et ses populations a rassemblé des acteurs des pouvoirs locaux, des représentants du monde associatif, universitaire et de l’entreprenariat, ainsi que des experts et de grands témoins européens et africains qui ont appelé  à la nécessité d’agir pour préserver cette région.

La rencontre s’est articulée autour de plénières et de tables rondes, portant en particulier sur 4 enjeux cruciaux :

  • La préservation de la forêt équatoriale africaine et sa biodiversité
  • Le rôle central des populations
  • La lutte contre le réchauffement climatique
  • Le développement de nouvelles pratiques agricoles et alimentaires

Nous souhaitons revenir sur cette journée pour souligner la manière dont les interventions, et notamment celles des représentants des pays du bassin du Congo, ont mis en avant le rôle bénéfique de la gestion durable des forêts et de la certification pour la préservation des écosystèmes et le développement économique et social. Cette conférence s’inscrit pourtant dans un contexte particulier, celui de l’exclusion du bois tropical par la Société pour la Livraison des Ouvrages Olympiques (SOLIDEO) de la construction des ouvrages olympiques pour les JO d’été Paris 2024.

Les forêts du bassin du Congo constituent le second plus grand massif forestier tropical, après l’Amazonie. Il abrite un patrimoine naturel exceptionnel, tant par sa diversité faunique que floristique, et permet de séquestrer 140 millions de tonnes de carbone par an (Pr. Lee White). En tant que tel, il représente ainsi un enjeu crucial pour la préservation de la biodiversité mondiale et dans la lutte contre le changement climatique, comme l’a très clairement résumé en une phrase Lee White, Ministre gabonais des Eaux et Forêts : « Si on perd le bassin du Congo, alors on perd la bataille contre le changement climatique. »

Plusieurs défis majeurs ont émergé des discussions :

  • La croissance démographique importante dans les pays du bassin du Congo, et la jeunesse de la population qui en découle
  • L’agriculture qui menace de conversion les zones forestières
  • Le bois énergie, très utilisé dans cette région

Devant la complexité et l’entremêlement de ces principaux enjeux se pose bien entendu la question de la gestion des ressources forestières, dans un contexte où la population de plus en plus nombreuse a des besoins grandissants pour se loger et se nourrir. Il apparaît donc qu’une préservation des forêts tropicales doit s’allier à un développement économique et social, à la fois respectueux des écosystèmes et des populations. À ce titre, la gestion durable des forêts (GDF) apparaît comme une solution adéquate. Comme l’ont rappelé de nombreux experts, une exploitation forestière bien gérée et maîtrisée contribue à une mise en valeur forestière durable (Alain Karsenty, CIRAD). Certes, les systèmes de certification ne sont pas parfaits mais tendent constamment à s’améliorer. En réalité, les diverses études scientifiques sur le sujet menées ces dernières années ont montré qu’une exploitation bien gérée n’a que peu d’impact sur les forêts, et peut même servir de réseau de connexion entre différentes aires protégées (Sylvie Gourlet-Fleury, CIRAD. Visionner son intervention). Il faut pour cela respecter un principe simple, ne pas exploiter plus que les taux de renouvellement des espèces ne le permettent, principe pris en compte par les systèmes de certification et les plans d’aménagement. Les images satellites montrent d’ailleurs comment la déforestation sévit autour d’une concession gérée durablement, alors que le couvert forestier est préservé au sein de la concession (Stéphane Glannaz, Precious Wood. Visionner l'intervention). En outre, le secteur bois-forêt est pourvoyeur d’emplois et de revenus pour une population jeune, dont une grande majorité est active. La gestion durable des forêts a les moyens d’être inclusive pour les populations locales et se doit de l’être. Les forêts gérées durablement pourraient ainsi être considérées à l’avenir comme des aires protégées, préservant la faune, la flore, mais assurant aussi le respect des droits des peuples autochtones en sécurisant le foncier et en évitant que ceux-ci ne soient expulsés au profit d’aires protégés ou de parcs naturels (Geoffrey Mauvais, UICN. Visionner l'intervention). En considérant les forêts gérées durablement comme des aires protégées, on ouvrirait la porte au développement d’une économie saine, porteuse de bénéfices sociaux, et respectueuse des écosystèmes forestiers en incluant plutôt qu’en excluant.

Néanmoins, reconnaître les bénéfices de la gestion durable des forêts et de la certification du bois tropical ne suffit pas : la France, et plus généralement l’Europe, doit ouvrir son marché au bois tropical certifié. Comme l’a souligné le Ministre gabonais Lee White, les pays producteurs de bois tropical sont bien conscients que l’Europe n’achètera pas de bois si celui-ci est illégal, menace la biodiversité et met en péril les peuples autochtones. Les administrations et les entreprises forestières engagées dans la certification mènent des efforts coûteux pour développer une industrie saine et vertueuse. Mais c’est aux acteurs européens de soutenir ces efforts et de créer une économie forestière durable en ouvrant leurs marchés au bois certifié qui garantit la protection des forêts et un développement économique et social local (Visionner la discussion). Pour développer ce marché sain, il est nécessaire de développer une interconnexion entre les échelles locale, nationale et internationale, et d’accorder une place et de la valeur au bois tropical certifié. En ce sens, la décision de la SOLIDEO d’interdire l’utilisation du bois tropical n’est pas judicieuse et pourrait même s’avérer contreproductive en décourageant les efforts entrepris pour une meilleure gestion forestière dans les pays producteurs.

Nous espérons que cette journée riche en échanges aura donné matière à penser à la SOLIDEO pour ouvrir son marché au bois tropical certifié pour un événement aussi international et symbolique que les Jeux Olympiques.

Le journal Le Monde a publié sur son site internet des vidéos de la journée. Retrouvez les ci-dessous :

 

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